vendredi 23 mai 2025

Au revoir, belle Sicile...

 



Nous continuons notre route, d'abord vers la Sicile, on doit s'arrêter à Marina Di Ragusa ou nous avons fait livrer la pièce que nous devons changer. C'est comme renter à la maison... Michel remet vite les pendules à l'heure, on ne reste que le temps de recevoir cette pièce ! 3 jours donc. Mais c'était chouette de revoir les copains... 

Et puis cette fameuse pièce est arrivée, ( zut,... ...), nous repartons donc, le temps le permettant... Cap à l'ouest...



Première étape, un mouillage, après Licata. On se dit que la nuit sera peut-être mouvementée, on verra. Finalement, on y dormira correctement. Étapes dodo, nous en repartons à 6h30 le lendemain.




Ensuite, nous ferons un stop à Sciacca. Ici nous voulions louer un scooter et aller visiter le site archéologique de Selinute. La météo en décide autrement... Je suis un peu déçue... Si on tarde, on se retrouvera avec vent et courant de face pendant un moment, ce qui voudrait dire navigation au moteur et pas forcément agréable...... 

Du coup on se contentera de visiter cette petite ville seulement... Sympa par ailleurs, avec un circuit street art que l'on a suivit avec plaisir... 

























Grosse déception cependant, après 2 hivers en Sicile, nous n'aurons pas pu visiter ni Marsala, ses salines et ses vignes... Ni Selinute... C'est un vif rappel, que sur un bateau, le plus souvent, c'est la météo qui décide. Pas nous...

Étape suivante, et dernière étapes Sicilienne, les îles Egades. On y reste une semaine, une semaine compliquée, mais on arrivera à visiter ce que nous voulions... (Quand même !!!!).  Et puis, quand la bonne fenêtre météo se présente, on fonce, elle n'est pas grande (2 jours), il faut partir. On ne part pas seul, et ça, c'est sympa, on part avec Avalon, un autre équipage, qui pour l'instant fait le même trajet que nous.

Les Egades, plus précisément Favignana.

On se place au sud de l'ile, à l'abri du vent, mais malheureusement, pas à l'abri de la houle. Après deux mouillages differents, on jette l'éponge et on va à Favignana, ça n'est pas profond, mais sauf la houle de nord, les vagues ne rentrent pas dans le mouillage. Enfin une nuit réparatrice... ...

Premier mouillage, rouleur...


2nd mouillage, encore plus rouleur...


3ème mouillage, enfin du calme... Le 3ème est le bon! Enfin pour l'instant!





Le lendemain, on se place au quai, des orages sont attendus. On pense y être mieux.  

On s'est trompé. Après une nuit au quai, les Marineros nous informent qu'en prévision du mauvais temps qui arrive, il ne serait pas prudent, voir dangereux de rester là... Comme les 5 autres bateaux à coté de nous, nous partons donc tous en urgence... Pas drôle... 

On reviendra ici après les intempéries, histoire de faire des courses juste avant la traversée vers la Sardaigne...


Quelques mots sur Favignana :

Favignana présente quelques traces préhistorique de présence humaine.

En 1081, les Normands y réalisèrent un village et y bâtirent des fortifications, notamment le fort San Giacomo (qui n'est pas visible actuellement car il se trouve à l'intérieur d'une maison d'arrêt) et le fort Santa Caterina, qui se situe au sommet de la montagne. Cette fortification est à l'abandon et menace de s'écrouler.

Durant la période des ducs d'Anjou naquirent les deux madragues. En 1874, l'île appartient aux Florio qui les mettent en valeur et ordonnent la construction de leur villa d'été. Favignana est connue pour ses cavités en tuf, pour ses grottes et pour son antique tradition de pêche au thon avec les madragues.

















Celle de Favignana est l'une des dernières à être encore aujourd'hui en activité en Italie (pas vraiment en realité... la dernière à eu lieu en 2007). Au mois de mai, on procède à la « mattanza », la pêche des poissons (thon) qui ont été pris au piège. Cet événement attire de nombreux passionnés et touristes. Aujourd'hui, la mattanza est surtout un élément folklorique, entre autres parce que la pêche au thon est moins productive et qu'elle nécessite des subventions pour demeurer en activité.

Durant la période du régime fasciste, l'île est transformée en bagne où séjournent de nombreux prisonniers politiques.


Les Florio...

(Leur histoire est intimement liée à celle de la Sicile. Une saga à été écrite sur eux, saga que je conseille : "les lions de Sicile")

La famille Florio est une dynastie commerçante et industrielles italienne particulièrement active durant la période de la belle époque. L'histoire de la famille, d'origine calabraise, se déroule dans la riche Palerme de la fin du 19ème siècle.

À la suite des seisme de 1783 en Calabre, Paolo Florio (1772 - 1807), quitte pour la Sicile sa Calabre natale. Il ouvre, au début des années 1800, un magasin d'épices qui devient rapidement l'un des plus florissants de Palerme. Lorsqu'il meurt en 1807, son fils Vincenzo est encore trop jeune pour lui succéder dans la gestion du commerce. Son frère, développe avec une grande habileté l'activité initiale d'achat et de vente de produits coloniaux au détail et en gros autour du magasin de médicaments et de produits pharmaceutiques de la Piazza San Giacomo La Marina à Palerme.

Vincenzo Florio, né à Bagnara en Calabre en 1799, rejoint Palerme dans ses jeunes années. Il a vingt-neuf ans à la mort de son oncle en 1829 et lui succède dans l'activité paternelle. Il fonde de nombreuses entreprises industrielles parmi lesquelles celle des vins de Marsala et donne vie à d'importantes compagnies de navigation. Il possède également des intérêts dans le secteur du soufre.

Il fait construire dans le quartier de l’Arenella, le palais des Quattro Pizzi.

Il est sénateur du royaume d'Italie et meurt à Palerme en 1868.

À la mort de Vincenzo en 1868, son fils Ignazio Senior (Palerme, 1838-1891), lui succède dans la gestion de l'industrie paternelle. Avec une grande maestria, il multiplie les ressources financières et accroît la puissance des affaires créées par son père. Il acquiert en 1874 les îles de Favignana et de Formica. Il devient pareillement sénateur du royaume d'Italie.

Il organise sur l'île une grande Thonaire dotée d'une conserverie, expérimentant un nouveau mode de production : au lieu d'être conservé dans le sel comme habituellement en ce temps-là, le thon est préparé pour la première fois pour être conservé dans l'huile et mis en boîtes métalliques. L'entreprise fournit du travail à un nombre important d'ouvriers et diffuse ses produits dans le monde entier.

Sa flotte de 99 navires parcourt le monde et sa fonderie Florio possède une succursale à Marseille.

Par son mariage avec la baronne Giovanna d’Ondes Trigona, il fait entrer la famille Florio dans l'aristocratie palermitaine.

En 1891, Ignazio Florio meurt en laissant trois enfants dont l'aîné, Ignazio Junior, succède à son père dans la gestion de la maison familiale. Il se comporte en mécène à Palerme, finançant et suivant l'avancement des diverses œuvres et fait de la cité sicilienne un point de rassemblement important de la Jet Set internationale de l'époque. L'empereur allemand Guillaume II aimait notamment séjourner chez eux en Sicile.

Son frère, Vincenzo, se révèle grand sportif et organisateur d'événements qui font la renommée de la Sicile parmi lesquels, en 1906, la célèbre course automobile « Targa Florio ».

Les Florio furent, entre la fin du 19ème et du début du 20ème siècle, la famille la plus riche d'Italie. Elle disposait d'une flotte de quatre-vingt-dix-neuf navires et d'un empire qui s'étendait de la chimie au vin, du tourisme à l'industrie du thon. 

La transformation de l'économie italienne, le soutien du gouvernement aux industries du nord (plutôt qu'à celle du sud) et les dépenses somptuaires des Florio les mènent au démantèlement progressif de leurs avoirs et à leur ruine.












La mattanza,

Littéralement « massacre » ou « mise à mort » en italien, (également connu sous le nom d'almadraba en espagnol et d'almadrava en portugais), est une technique traditionnelle de pêche au thon qui utilise une série de grands filets pour piéger et épuiser le poisson.



Il existe des traditions de mattanza liées à Trapani en Sicile , à l' ile Egades de Favignana , à Carloforte et à l'île de San Pietro dans le sud-ouest de la Sardaigne , ainsi qu'à des localités en Espagne , au Portugal , au Maroc et en Tunisie.

Cette pratique est une technique de pêche élaborée pour piéger et capturer le thon. Elle existait semble t-il déjà avec les Phéniciens .

Bien que l'on ne sache pas clairement comment cette technique s'est répandue dans le bassin méditerranéen, elle a  été transmise à des régions comme la péninsule Ibérique pendant la période islamique. 

L'introduction en Sicile et en Sardaigne, mais pas en Italie continentale, est également attribuée aux Maures , pendant l'invasion par les arabes de la Sicile, ou par les Espagnols par la suite.

À partir de Mars, les bancs de thons migrent à travers le détroit de Gibraltar vers la Méditerranée.

À partir de Mai, les pêcheurs conduisent les bancs de poissons dans les détroits vers un système de filets formant différentes chambres (appelé tonnara, le filet et son système de chambres pouvait faire jusqu'à 5km de long et Jusqu'à 40 m de profondeur....). Les thons étaient guidés à travers les chambres jusqu'à la chambre ultime (en italien : càmira dâ morti , littéralement « chambre de la mort »), d'où ils étaient ensuite hissés sur les bateaux de pêche à l'aide de grappins. Le thon pêché étaient transformé à terre, directement dans la tonnara.

Cependant, les rendements de ce type de pêche sont en constante baisse en raison de la surpêche des stocks, de sorte que la mattanza est aujourd'hui davantage un événement touristique.

En Italie, en 2003 et 2004, la pêche au thon n'a plus eu lieu à Trapani. Les bancs de thon avaient déjà été entièrement pêchés par les flottes de pêche internationales bien avant qu'ils n'approchent des zones côtières. Le dernier abattage en Sicile a eu lieu dans la nasse de Favignana en 2007. En 2015, un seul abattage a eu lieu en Sardaigne, entre Portoscuso et Carloforte. 

Le ministère des Politiques agricoles, alimentaires et forestières autorise toujours six nasses fixes en Italie chaque année : l'île Plate et Cala Vinagra (Carloforte), Capo Altano et Porto Paglia (Portoscuso), Favignana et Camogli.